jueves, 1 de marzo de 2012

Les Fleurs du Mal (V)

Les deux bonnes soeurs

La Débauche et la Mort sont deux aimables filles,
Prodigues de baisers et riches de santé,
Dont le flanc toujours vierge et drapé de guenilles
Sous l'éternel labeur n'a jamais enfanté.

Au poète sinistre, ennemi des familles,
Favori de l'enfer, courtisan mal renté,
Tombeaux et lupanars montrent sous leurs charmilles
Un lit que le remords n'a jamais fréquenté.

Et la bière et l'alcôve en blasphèmes fécondes
Nous offrent tour à tour, comme deux bonnes soeurs,
De terribles plaisirs et d'affreuses douceurs.

Quand veux-tu m'enterrer, Débauche aux bras immondes?
O Mort, quand viendras-tu, sa rivale en attraits,
Sur ses myrtes infects enter tes noirs cyprès?

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Las dos buenas hermanas

La Orgía y la Muerte son dos buenas muchachas,
pródigas de sus besos y ricas en vigor;
su flanco siempre virgen y cubierto de hilachas,
jamás ha dado a la luz con su eterna labor.

Al poeta siniestro, de las familias tara,
valido del infierno, áulico mal rentado
tumbas y lupanares un lecho le deparan
que los remordimientos jamás han frecuentado.

Y la caja y la alcoba, blasfemas soberanas,
ofrecen alternando como buenas hermanas
dulzuras espantosas y deleites soeces.

Licencia inmunda, ¿cuándo por fin me enterrarás?
y tú, su émula en gracias, Muerte, ¿cuándo vendrás
sobre sus mirtos fétidos a plantar cipreses?

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L'amour et le crâne

L'amour est assis sur le crâne
De l'Humanité
et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,

Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l'éther.

Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle
Comme un songe d'or.

J'entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir :
-"Ce jeu féroce et ridicule,
Quand doit-il finir?

Car ce que ta bouche cruelle
Eparpille en l'air,

Monstre assassin, c'est ma cervelle,
Mon sang et ma chair!"

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El amor y el cráneo

El amor está sentado en el cráneo
de la Humanidad,
y desde aquel trono, el profano
de risa desvergonzada,

sopla alegremente redondas pompas
que flotan en el aire,
alcanzando los mundos
en el corazón del éter.

El globo frágil y luminoso
toma un gran impulso,
estalla y exhala su alma delicada,
como un sueño de oro.

Y oigo el cráneo rogar y gemir
a cada burbuja:
-Este juego feroz y ridículo,
¿cuándo terminará?

Pues lo que tus labios crueles
esparcen sobre el aire,
monstruo asesino, es mi cerebro,
¡mi sangre y mi carne!

 
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La mort des pauvres

C'est la Mort qui console, hélas! et qui fait vivre;
C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le coeur de marcher jusqu'au soir;

A travers la tempête, et la neige, et le givre,
C'est la clarté vibrante à notre horizon noir;
C'est l'auberge fameuse inscrite sur le livre,
Où l'on pourra manger, et dormir, et s'asseoir;

C'est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques
Le sommeil et le don des rêves extatiques,
Et qui refait le lit des gens pauvres et nus;

C'est la gloire des Dieux, c'est le grenier mystique,
C'est la bourse du pauvre et sa patrie antique,
C'est le portique ouvert sur les Cieux inconnus!

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La muerte de los pobres

Es la Muerte que consuela, ¡ah! y que hace vivir;
Es el objeto de la vida, y es la sola esperanza
Que, como un elixir, nos sostiene y nos embriaga,
y nos da ánimos para avanzar hasta el final;

A través de la borrasca, y la nieve y la escarcha,
Es la claridad vibrante en nuestro horizonte negro,
Es el albergue famoso escrito en el libro,
Donde se podrá comer, y dormir, y sentarse;

Es un Ángel que sostiene entre sus dedos magnéticos
El sueño y el don de los ensueños extáticos,
Y que rehace el lecho de las gentes pobres y desnudas;

Es la gloria de los Dioses, es el granero místico,
Es la bolsa del pobre y su patria vieja,
¡Es el pórtico abierto sobre los Cielos desconocidos!

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