miércoles, 29 de febrero de 2012

Les Fleurs du Mal (III)

Obsession

Grands bois, vous m'effrayez comme des cathédrales;
Vous hurlez comme l'orgue; et dans nos coeurs maudits,
Chambres d'éternel deuil où vibrent de vieux râles,
Répondent les échos de vos De profundis.

Je te hais, Océan! tes bonds et tes tumultes,
Mon esprit les retrouve en lui; ce rire amer
De l'homme vaincu, plein de sanglots et d'insultes,
Je l'entends dans le rire énorme de la mer

Comme tu me plairais, ô nuit! sans ces étoiles
Dont la lumière parle un langage connu!
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu!

Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissant de mon oeil par milliers,
Des êtres disparus aux regards familiers.

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Obsesión

Grandes bosques, me espantáis como catedrales;
Aulláis como el órgano; y en nuestros corazones malditos,
Estancias de eterno duelo donde vibran viejos estertores,
Responden a los ecos de vuestros De profundis.

¡Yo te odio, Océano! tus saltos y tus tumultos,
Mi espíritu en él los recobra. Esta risa amarga
Del hombre vencido, lleno de sollozos y de insultos,
Yo la escucho en la risa enorme del mar.

¡Cómo me agradarías, oh noche! ¡Sin estas estrellas
Cuya luz habla un lenguaje conocido!
¡Porque yo busco el vacío, y el negro, y el desnudo!

Pero, las tinieblas son ellas mismas las telas
donde viven, brotando de mis ojos por millares,
Los seres desaparecidos de las miradas familiares.

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Le goût du néant

Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t'enfourcher! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle bute.

Résigne-toi, mon coeur; dors ton sommeil de brute.
Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur,
L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte!
Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur!

Le Printemps adorable a perdu son odeur!
Et le Temps m'engloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur;
Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur,
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.

Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute?
--

El gusto de la nada

Melancólico espíritu, en otros tiempos enamorado de la lucha,
La Esperanza, cuya espuela acuciaba tu ardor,
¡No quiere más montarte! Acuéstate sin pudor,
Viejo caballo cuyos cascos en cada obstáculo chocan.

Resígnate, corazón mío; duerme tu sueño de bruto.

Espíritu vencido, ¡despeado! Para ti, viejo merodeador,
El amor no tiene más gusto, no más que la disputa,
¡Adiós, pues, cantos del cobre y suspiros de la flauta!
¡Placeres, no tentéis más un corazón sombrío y embustero!

¡La Primavera adorable ha perdido su perfume!

Y el Tiempo me engulle minuto tras minuto,
Como la nieve inmensa un cuerpo ya tieso;
Yo contemplo desde lo alto el globo en su redondez
Y no busco más el abrigo de una choza.

Avalancha, ¿quieres arrastrarme en tu caída?

--

Le mort joyeux

Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde.

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

- O vers! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts?
--

El muerto alegre

En una tierra fértil y llena de caracoles
Yo mismo quiero cavar una fosa profunda,
Donde pueda holgadamente tender mis viejos huesos
Y dormir en el olvido como un tiburón en la onda.

Yo odio los testamentos y yo odio las tumbas;
Antes que implorar una lágrima del mundo
Viviente, preferiría invitar a los cuervos
A sangrar todas las puntas de mi osamenta inmunda.

¡Oh, gusanos! negros compañeros sin orejas y sin ojos,
Ved cómo hasta vosotros llega un muerto libre y alegre;
Filosóficos vividores, hijos de la podredumbre,

A través de mi ruina pasad sin remordimientos,
Y decidme si hay aún alguna tortura
Para este viejo cuerpo sin alma ¡y muerto entre los muertos!

--

Charles Baudelaire

Les Fleurs du Mal (II)

Réversibilité

Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse?

Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,
Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel,
Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
Et de nos facultés se fait le capitaine?
Ange plein de bonté connaissez-vous la haine?

Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,
Qui, le long des grands murs de l'hospice blafard,
Comme des exilés, s'en vont d'un pied traînard,
Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres?

Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,
Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment
De lire la secrète horreur du dévouement
Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avide!
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides?

Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,
David mourant aurait demandé la santé
Aux émanations de ton corps enchanté;
Mais de toi je n'implore, ange, que tes prières,
Ange plein de bonheur, de joie et de lumières!
--

Reversibilidad

Ángel lleno de alegría, ¿conoces la angustia,
La vergüenza, los remordimientos, los sollozos, las molestias,
Y los vagos terrores de esas horribles noches
Que oprimen el corazón como un papel estrujado?
Ángel lleno de alegría, ¿conoces la angustia?

Ángel lleno de bondad, ¿conoces el odio,
Los puños crispados, en la sombra y las lágrimas de hiel,
Cuando la venganza bate su infernal llamado,
Y de nuestras facultades se hace la capitana?
Ángel lleno de bondad, ¿conoces el odio?

Ángel lleno de salud, ¿conoces las fiebres,
Que a lo largo de los murallones pálidos del hospicio,
Como exiliados, se marchan arrastrando los pasos,
Buscando el raro sol y moviendo los labios?
Ángel pleno de salud, ¿conoces las fiebres?

Ángel lleno de belleza, ¿conoces las arrugas,
Y el miedo de envejecer, y este horrendo tormento
De leer el secreto horror de la abnegación
En los ojos donde largo tiempo bebieron nuestros ojos ávidos?
Ángel lleno de belleza, ¿conoces las arrugas?

Ángel lleno de ventura, de alegría y de luces,
David moribundo habría pedido la salvación
A las emanaciones de tu cuerpo encantado;
Pero, de ti yo no imploro, ángel, más que tus plegarias,
¡Ángel lleno de ventura, de alegría y de luces!

--

Le flacon

II est de forts parfums pour qui toute matière
Est poreuse. On dirait qu'ils pénètrent le verre.
En ouvrant un coffret venu de l'Orient
Dont la serrure grince et rechigne en criant,

Ou dans une maison déserte quelque armoire
Pleine de l'âcre odeur des temps, poudreuse et noire,
Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient,
D'où jaillit toute vive une âme qui revient.

Mille pensers dormaient, chrysalides funèbres,
Frémissant doucement dans les lourdes ténèbres,
Qui dégagent leur aile et prennent leur essor,
Teintés d'azur, glacés de rose, lamés d'or.

Voilà le souvenir enivrant qui voltige
Dans l'air troublé; les yeux se ferment; le Vertige
Saisit l'âme vaincue et la pousse à deux mains
Vers un gouffre obscurci de miasmes humains;

II la terrasse au bord d'un gouffre séculaire,
Où, Lazare odorant déchirant son suaire,
Se meut dans son réveil le cadavre spectral
D'un vieil amour ranci, charmant et sépulcral.

Ainsi, quand je serai perdu dans la mémoire
Des hommes, dans le coin d'une sinistre armoire
Quand on m'aura jeté, vieux flacon désolé,
Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé,

Je serai ton cercueil, aimable pestilence!
Le témoin de ta force et de ta virulence,
Cher poison préparé par les anges! liqueur
Qui me ronge, ô la vie et la mort de mon coeur!

--

El frasco

Hay fuertes perfumes para los que toda materia
Es porosa. Se diría que penetran el vaso.
Al abrir un cofrecillo llegado del Oriente
Cuya cerradura rechina y se resiste chirriando,

O bien en una casa desierta en algún armario
Lleno del acre olor del tiempo, polvoriento y negro,
A veces encontramos un viejo frasco que se recuerda
Del que surge vivísima un alma que resucita.

Mil pensamientos dormían, crisálidas fúnebres,
Temblando dulcemente en las pesadas tinieblas,
Que entreabren su ala y toman su impulso,
Teñidas de azur, salpicadas de rosa, laminadas de oro.

He aquí el recuerdo embriagador que revolotea
En el aire turbado; los ojos se cierran: el Vértigo
Agarra el alma vencida y la arroja a dos manos
Hacia un abismo oscurecido de miasmas humanas;

La derriba al borde de un abismo secular,
Donde, Lázaro oloroso desgarrando un sudario,
Se mueve en su despertar el cadáver espectral
De un viejo amor rancio, encantador y sepulcral.

Así, cuando yo esté perdido en la memoria
De los hombres, en el rincón de un siniestro armario
guando me hayan arrojado, viejo frasco desolado,
Decrépito, polvoriento, sucio, abyecto, viscoso, rajado,

¡Yo seré tu ataúd, amable pestilencia!
El testigo de tu fuerza y de tu virulencia,
¡Caro veneno preparado por los ángeles! licor
Que me corroe, ¡Oh, la vida y la muerte de mi corazón!

--

À une Madone

Je veux bâtir pour toi, Madone, ma maîtresse,
Un autel souterrain au fond de ma détresse,
Et creuser dans le coin le plus noir de mon coeur,
Loin du désir mondain et du regard moqueur,
Une niche, d'azur et d'or tout émaillée,
Où tu te dresseras, Statue émerveillée.
Avec mes Vers polis, treillis d'un pur métal
Savamment constellé de rimes de cristal
Je ferai pour ta tête une énorme Couronne;
Et dans ma Jalousie, ô mortelle Madone
Je saurai te tailler un Manteau, de façon
Barbare, roide et lourd, et doublé de soupçon,
Qui, comme une guérite, enfermera tes charmes,
Non de Perles brodé, mais de toutes mes Larmes!
Ta Robe, ce sera mon Désir, frémissant,
Onduleux, mon Désir qui monte et qui descend,
Aux pointes se balance, aux vallons se repose,
Et revêt d'un baiser tout ton corps blanc et rose.
Je te ferai de mon Respect de beaux Souliers
De satin, par tes pieds divins humiliés,
Qui, les emprisonnant dans une molle étreinte
Comme un moule fidèle en garderont l'empreinte.
Si je ne puis, malgré tout mon art diligent
Pour Marchepied tailler une Lune d'argent
Je mettrai le Serpent qui me mord les entrailles
Sous tes talons, afin que tu foules et railles
Reine victorieuse et féconde en rachats
Ce monstre tout gonflé de haine et de crachats.
Tu verras mes Pensers, rangés comme les Cierges
Devant l'autel fleuri de la Reine des Vierges
Etoilant de reflets le plafond peint en bleu,
Te regarder toujours avec des yeux de feu;
Et comme tout en moi te chérit et t'admire,
Tout se fera Benjoin, Encens, Oliban, Myrrhe,
Et sans cesse vers toi, sommet blanc et neigeux,
En Vapeurs montera mon Esprit orageux.

Enfin, pour compléter ton rôle de Marie,
Et pour mêler l'amour avec la barbarie,
Volupté noire! des sept Péchés capitaux,
Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux
Bien affilés, et comme un jongleur insensible,
Prenant le plus profond de ton amour pour cible,
Je les planterai tous dans ton Coeur pantelant,
Dans ton Coeur sanglotant, dans ton Coeur ruisselant!
--

A una Madona

Yo quiero erigir para ti, Madona, mi amante,
Un altar subterráneo en el fondo de mi angustia,
Y cavar en el rincón más negro de mi corazón,
Lejos del deseo mundanal y de la mirada burlona,
Un nicho de azur y de oro todo esmaltado,
Donde tú te erigirás, Estatua maravillosa.
Con mis Versos pulidos, enmallados por un puro metal
Sabiamente constelado de rimas de cristal,
Yo haré para tu cabeza una enorme Corona;
Y de mis Celos, oh Mortal Madona,
Yo sabré cortarte un Manto, de manera
Bárbara, tieso y pesado, y forrado de sospechas,
Que, como una garita, encerrará tus encantos;
No de Perlas bordado, ¡sino de todas mis Lágrimas!
Tu Ropa, será mi deseo, trémulo,
Ondulante, mi Deseo que sube y que desciende,
En las cimas meciéndose, en los valles reposando,
Y reviste con un beso todo tu cuerpo blanco y rosado.
Yo te haré de mi Respeto, hermosos Escarpines
De raso, para tus pies Divinos humillados,
Que, aprisionándolos en un muelle abrazo,
Cual un molde fiel conservarán la impronta.
Si yo no puedo, malgrado todo mi arte diligente,
Por Peana tallar una Pluma de plata,
Pondré la Serpiente que me muerde las entrañas
Bajo tus talones, a fin de que tú pises y te mofes,
Reina victoriosa y fecunda en redenciones,
Este monstruo hinchado de odio y de salivazos.
Tú verás mis Pensamientos, alineados como los Cirios
Ante el altar florido de la Reina de las Vírgenes,
Estrellando el cielorraso pintado de azul,
Mirándote siempre con ojos de fuego;
Y como todo en mí te quiere y te admira,
Todo se hará Benjuí, Incienso, Olíbano, Mirra,
Y sin cesar hacia ti, cumbre blanca y nevada,
En Vapores ascenderá mi Espíritu tempestuoso.

Finalmente, para completar tu papel de María,
Y para mezclar el amor con la barbarie,
¡Negra Voluptuosidad! de los siete Pecados capitales,
Verdugo lleno de remordimientos, yo haré siete Puñales
Bien afilados, y, como un juglar insensible,
Tomando lo más profundo de tu amor por blanco,
¡Yo los plantaré a todos en tu Corazón jadeante,
En tu Corazón sollozante, en tu Corazón sangrante!

--

Charles Baudelaire

martes, 28 de febrero de 2012

Les Fleurs du Mal (I)

Correspondances

La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
--

Correspondencias

Naturaleza es templo donde vivos pilares
dejan salir a veces sus confusas palabras;
por allí pasa el hombre entre bosques de símbolos
que lo observan atentos con familiar mirada

Como muy largos ecos de lejos confundidos
en una tenebrosa y profunda unidad,
vasta como la noche, como la claridad
perfumes y colores y sones se responden

Hay perfumes tan frescos como carnes de niños,
dulces como el oboe, verdes como praderas,
y hay otros corrompidos, ricos y triunfantes.

que la expansión poseen de coass infinitas,
como el almizcle, el ámbar, el benjuí y el incienso,
que cantan los transportes del alma y los sentidos

--

Le masque

Contemplons ce trésor de grâces florentines ;
Dans l'ondulation de ce corps musculeux
L'Elégance et la Force abondent, sœurs divines.
Cette femme, morceau vraiment miraculeux,
Divinement robuste, adorablement mince,
Est faite pour trôner sur des lits somptueux
Et charmer les loisirs d'un pontife ou d'un prince.

– Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
Où la Fatuité promène son extase ;
Ce long regard sournois, langoureux et moqueur ;
Ce visage mignard, tout encadré de gaze,
Dont chaque trait nous dit avec un air vainqueur :
"La Volupté m'appelle et l'Amour me couronne !"
A cet être doué de tant de majesté
Vois quel charme excitant la gentillesse donne !
Approchons, et tournons autour de sa beauté.

O blasphème de l'art ! ô surprise fatale !
La femme au corps divin, promettant le bonheur,
Par le haut se termine en monstre bicéphale !
– Mais non ! ce n'est qu'un masque, un décor suborneur,
Ce visage éclairé d'une exquise grimace,
Et, regarde, voici, crispée atrocement,
La véritable tête, et la sincère face
Renversée à l'abri de la face qui ment.
Pauvre grande beauté ! le magnifique fleuve
De tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux,
Ton mensonge m'enivre, et mon âme s'abreuve
Aux flots que la Douleur fait jaillir de tes yeux !

– Mais pourquoi pleure-t-elle ? Elle, beauté parfaite,
Qui mettrait à ses pieds le genre humain vaincu,
Quel mal mystérieux ronge son flanc d'athlète ?

– Elle pleure insensé, parce qu'elle a vécu !
Et parce qu'elle vit ! Mais ce qu'elle déplore
Surtout, ce qui la fait frémir jusqu'aux genoux,
C'est que demain, hélas ! il faudra vivre encore !
Demain, après-demain et toujours ! – comme nous !

--

La máscara

Contemplemos este tesoro de gracias florentinas;
En la ondulación de este cuerpo musculoso
La Elegancia y la Fuerza abundan, hermanas Divinas.
Esta mujer, trozo verdaderamente milagroso,
Divinamente robusta, adorablemente delgada,
Está hecha para reinar sobre lechos suntuosos,
Y encantar los ocios de un pontífice o de un príncipe.

—Por eso, contemplo esa sonrisa, fina y voluptuosa
En que la fatuidad pasea su éxtasis;
Esa prolongada mirada taimada, lánguida y burlona;
Ese rostro delicado, realzado por la gasa,
Del que cada rasgo nos dice con aire vencedor:
"¡La Voluptuosidad me llama y el Amor me corona!"
A este ser dotado de tanta majestad
—¡Ved que encanto excitante la gentileza le otorga!
Aproximémonos, y giremos en torno a su belleza.

¡Oh, blasfemia del arte! ¡Oh, sorpresa fatal!
¡La mujer de cuerpo divino, prometiendo la ventura,
Por lo alto termina en un monstruo bicéfalo!

—¡Pero, no! Sólo es una máscara, un decorado engañoso,
Este rostro iluminado por una exquisita mueca,
Y, mira, aquí, crispada atrozmente,
La verdadera cabeza, y el sincero rostro
Vuelto al abrigo de la cara que miente.
¡Pobre gran belleza! ¡El magnífico río
De tus lágrimas vuélcase en mi corazón receloso;
Tu mentira me embriaga, y mi alma se abreva
En los raudales que el Dolor hace brotar de tus ojos!

—Pero, ¿por qué llora ella? Ella, beldad perfecta
Que pondría a sus plantas al género humano vencido,
¿Qué mal misterioso corroe su flanco de atleta?

— ¡Ella llora, insensata, porque ella ha vivido!
¡Y porque vive! Pero, lo que ella deplora
Sobre todo, lo que la hace temblar hasta las rodillas,
Es que mañana, ¡ah! ¡tendrá que vivir todavía!
¡Mañana, pasado mañana y siempre! — ¡Como nosotros!

--

De profundis clamavi

J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime,
Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé.

C'est un univers morne à l'horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème;

Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre;
C'est un pays plus nu que la terre polaire
— Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois!

Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos;

Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide,
Tant l'écheveau du temps lentement se dévide!

--

De profundis clamavi

Imploro tu piedad, Tú, el único que yo amo,
Desde el fondo del abismo oscuro donde mi corazón ha caído.

Es un universo triste de horizonte plúmbeo,
Donde flotan en la noche el horror y la blasfemia;

Un sol sin calor se cierne por encima seis meses,
Y los otros seis la noche cubre la tierra;
Es un lugar más desnudo que la tierra polar;
— ¡Ni bestias, ni arroyos, ni verdor, ni bosques!

Pues bien, no hay horror en el mundo que supere
La fría crueldad de este sol de hielo
Y esta inmensa noche semejante al viejo Caos;

Envidio la suerte de los más viles animales
Que pueden sumergirse en un sueño estúpido,
¡A tal punto la madeja del tiempo lentamente se devana!

--

Charles Baudelaire

lunes, 27 de febrero de 2012

Gandhi


Tras conseguir éxitos en Sudáfrica luchando por la igualdad de derechos, el abogado Gandhi regresa a India para poner en práctica su teoría de la resistencia no violenta con el objetivo de lograr la independencia del país.

Hagiografía tan espectacular en su diseño de producción como pesada dirigida por Richard Attenborough ("Grita libertad", "Tierras de penumbra") y protagonizada por un espléndido Ben Kingsley.

Venganza


Un agente especial retirado intenta recobrar el afecto de su hija. Al viajar ésta a París es raptada y su padre pondrá en marcha todos sus recursos.

Rutinaria e insustancial cinta de acción de Pierre Morel protagonizada por Liam Neeson.

domingo, 26 de febrero de 2012

The artist


Un célebre actor de cine ayuda a una joven en su lucha por abrirse camino como actriz. Con la llegada del cine sonoro, él se ve desplazado y lo pierde todo, pero entonces surge la chica para ayudarle.

Michel Hazanavicius dirige este filme que protagoniza la encantadora pareja que forman Jean Dujardin y Bérénice Bejo. Empieza muy bien, luego la intensidad cae abruptamente aunque la aguantan algunas buenas escenas para al final remontar un poco.

sábado, 25 de febrero de 2012

El gran Gatsby


Un joven que vive con pocos recursos es invitado a una fiesta por un vecino rico, quien pretende de él que le sirva para acercarse a su prima, de quien estuvo enamorado años atrás, y que ahora está casada.

Jack Clayton ("Suspense") traslada al cine el relato de Francis Scott Fitzgerald guionizado por Coppola e interpretado por Robert Redford y Mia Farrow. Le falta garra.

viernes, 24 de febrero de 2012

La ley de la calle


Rusty James idolatra a su hermano mayor, quien fue un líder pandillero, e intenta ser igual a él en todo, pero progresivamente se va percatando de que no todo es tan bonito como él pensaba.

Francis Ford Coppola ("Cotton Club", "La conversación") adapta la novela de iniciación de Susan E. Hinton, con Matt Dillon, Mickey Rourke y Diane Lane de actores principales. Muy valiente tanto en la faceta técnica como en la realización.

miércoles, 22 de febrero de 2012

Los miserables


Jean Valjean ha pasado muchos años de su vida encerrado por haber robado un pedazo de pan para alimentar a sus sobrinos, encadenando condenas por sus intentos de fuga. Cuando finalmente le conceden la libertad, la sociedad lo rechaza como a un apestado, sintiendo él un gran resquemor hacia sus semejantes. Pero el encuentro con un bondadoso obispo provoca que varíe por completo su mentalidad. Valjean cambia de identidad y se convierte en un próspero y bondadoso hombre de negocios, pero la sombra de la justicia le persigue en la forma de Javert, un inspector fiero, recto e implacable.

En la fábrica de Valjean entra a trabajar la desgraciada Fantine, madre soltera que ha tenido que dejar a su hija al cuidado de unos desalmados posaderos, los Thénardier. Cuando todos se enteran de su condición, Fantine es despedida y se ve obligada a perder su dignidad. Finalmente, Jean Valjean conoce su historia y decide tomarla bajo su protección, pero es demasiado tarde y Fantine fallece. Valjean decide entonces cuidar de Cosette, la pequeña hija de Fantine.

Un hombre es juzgado y se le acusa de ser Jean Valjean. Cuando el veradero Valjean se entera decide entregarse para que sus culpas no caigan sobre otro.

Valjean consigue escaparse, es dado por muerto y va a rescatar a la pequeña Cosette de los malvados que la explotan. Ambos viven juntos en París, estimándose mucho y siendo siempre prudentes para no llamar la atención.

Pasan los años y de Cosette se enamora el joven Marius, hijo de un oficial que en Waterloo creyó ser salvado por Thénardier, y que ha sido criado por su monárquico abuelo.

En una revuelta popular los protagonistas de la historia confluyen en una barricada, donde se decidirá su destino.

Pues todo eso, el bien y el mal, la redención, la ley y la justicia, el amor, la conmiseración, las desigualdades sociales, la religión y muchísima crónica social e histórica componen esta novela total de Victor Hugo.

lunes, 20 de febrero de 2012

Cómo matar a la propia esposa


Tras una noche de juerga un soltero empedernido se despierta al lado de una bella mujer que no habla inglés y con la que se ha casado. A partir de ese momento, los problemas se suceden.

Amable comedia de Richard Quine ("Un extraño en mi vida") protagonizada por Jack Lemmon y Virna Lisi.

miércoles, 15 de febrero de 2012

Alas de mariposa


Una familia obsesionada por tener un hijo varón consigue finalmente su objetivo, pero la hermana mayor se siente desplazada y tratada injustamente.

Película de Juanma Bajo Ulloa, con Silvia Munt y Fernando Valverde. Es irregular en su desarrollo, pero su sordidez temática y estructural la hacen visible.

viernes, 10 de febrero de 2012

Darcy Lange en l'EACC




L'Espai d'Art Contemporani de Castelló acoge hasta el próximo 29 de abril una exposición de este artista neozelandés compuesta por fotografías y películas que son un compendio de sus trabajos más importantes. Encontramos estudios sobre el trabajo en medios rurales -incluyendo una película sobre la pequeña localidad castellonense de Cantavieja- o fabriles, documentales que tratan la defensa de la tierra de los maoríes ante un intento de expolio, una comparación del modo de comportamiento a la hora de la comida de familias de diferente estrato social, fotografías de algunas de sus esculturas, un análisis de la enseñanza de diferentes materias en distintas escuelas e incluso una performance ("Aire del mar") flamenca, con el propio Darcy a la guitarra y su esposa bailando.

lunes, 6 de febrero de 2012

Cómo empezar una revolución


Documental de Ruaridh Arrow que describe las teorías de Gene Sharp para derrocar a gobernantes dictatoriales mediante el pacífico poder de la unión popular, y cómo estas ideas se han aplicado en varios países muy diferentes en distintos momentos.

jueves, 2 de febrero de 2012

Cómo conocí a tu padre


Una pareja se dispone a mantener relaciones sexuales por primera vez, pero él se encuentra nervioso y sufre un problemilla.

Cortometraje de Álex Montoya protagonizado por Irene Anula e Iñaki Ardanaz.

47 poemas de Goethe



CANTO NOCTURNO DEL CAMINANTE

Sobre todas las cumbres
reina la paz,
en las copas de los árboles
no oyes
ni apenas un soplo.
Los pajaritos callan en el bosque.
Espera, que pronto
tú tambien descansarás.
 
CANCIÓN DEL ARPISTA
 
Quien nunca con lagrima mojo el pan,
quien nunca paso las noches dolientes
sentado, llorando, sobre su cama
no os conoce, celestiales poderes.
 
Nos hacéis entrar dentro de la vida,
dejáis que una culpa contraiga al pobre,
luego lo abandonáis a la desdicha:
pues se venga toda culpa en este orbe.
 
EL PESCADOR
 
Hinchada el agua, espumajea,
mientras sentado el pescador
que algún pez muerda el anzuelo
plácido aguarda y bonachón.
 
De pronto la onda se rasga,
y de su seno-¡oh maravilla!-
toda mojada, una mujer
saca su grácil figurilla.
 
Y con voz rítmica le increpa:
-¿Por qué, valiéndote de mañas,
hombre cruel, tiras de mí
para que muera en esta playa?
 
¡Si tú supieras qué delicia
allá se goza bajo el agua,
tal como estas te arrojarías
al mar, dejando en paz la caña!
 
¿No ves al sol, no ves la luna
cómo en las ondas se recrean?
¿Doble de hermosos no parecen
cuando en las agujas se reflejan?
 
¿No te seduce el hondo cielo
cuando su azul, húmedo muestra?
Cuando este aljófar lo salpica,
¿del propio rostro no te prendas?
 
Hinchada el agua, espumajea,
del pescador lame los pies;
siente el cuidado una nostalgia,
cual si a su amada viera fiel.
 
Cantaba un tanto la sirena,
todo pasó en un santiamén;
tiró ella de él, resbaló el hombre,
nunca más se dejó ver.

miércoles, 1 de febrero de 2012

This is England



Un niño desarraigado cuyo padre ha muerto en la guerra de las Malvinas es adoptado por un grupo de skins, donde encuentra el calor que le falta a su vida. Pero la salida de la cárcel de un tipo provoca que su aventura se convierta en un peligro.

Película de Shane Meadows protagonizada por Thomas Turgoose y Stephen Graham. El guión flaquea en los detalles, pero las interpretaciones son buenas.